Alain Saury

"ITINÉRAIRE D'UN HOMME TOTAL"

Alain SauryNé en 1932 à Enghien, Alain Saury, d'origine catalane et brésilienne, est obligé dès l'âge de 16 ans de subvenir seul à ses besoins. Il voulait être berger, son père voulait qu'il soit médecin. Cette opposition des apparences en fit tout d'abord un ouvrier. Il exerce une cinquantaine de métiers, dont celui de top-modèle (il jouit d'une exceptionnelle beauté).

Il pose pour les plus grandes marques dans le monde entier. Particulièrement doué pour la prise de vue, il sera, lui-même, occasionnellement, photographe.
Il s'oriente enfin vers sa vraie vocation : la poésie qu'il transmettra à travers différentes disciplines artistiques.

Après un bref passage au roman-photo    il devient comédien.
Il sera l'élève de T. Balachova, J. Charon, J. Marchât (en 1956) lorsque S. Pitoëff l'engage pour jouer dans "Les Bas-fonds" de M. Gorki, au théâtre de l'Œuvre à Paris.

Puis sa carrière d'acteur continue au théâtre: "La Hoberaute" (Audiberti), "Cristobal de Lugo" (L. Masson), "La Petite Catherine" (Von Kleist), "Trois fois le jour" (C. Spaak).
Et au cinéma. Tous les cinéphiles le connaissent. Il est l'un des jeunes premiers les plus en vogue du cinéma européen des années soixante. On l'admire dans "Si Paris" (S. Guitry), "Méfiez-vous, fillettes" (Y. Allégret), "Agent secret SZ" (L. Guilbert), "Les racines du ciel" (J. Huston), "Behold a Pale Horse" (F. Zinneman), "Katia" (R. Siodmak), "Le vent se lève" (Y. Ciampi), "Marie des Isles" (G. Combret), "Capitaine Fracasse" (P. Gaspard-Huit), "Fort du Fou" (L. Joannon), "Le Coup de grâce" (J. Cayrol), "Aventures à Beyrouth" (L. Wajda), "Toi, tu es Pierre" (M. Cloche), "Le Vicomte règle ses comptes" (M. Cloche), etc.

À la télévision enfin, dans "La logeuse" (Dostoïevsky), "Bajazet" (Racine), "L'Ancre de miséricorde" (MacOrlan), "Cristobal de Lugo" (L. Masson), "Sire Halewyn" (M. de Gueldérode), "Histoire du soldat" (Ramuz), "La Forteresse" (G. Govy), "La dame de Monsereau" (A. Dumas), "L'invention de Morel" (B. Casarès), etc...

En 1963, je reçois le "Grand Prix du Disque" de l'Académie Charles Cros (dont Jean Cocteau illustre la pochette par un portrait du couple,     ) pour : "Béatrice Arnac chante Alain Saury". Les douze chansons d'Alain sont le cri magnifique d'un authentique poète.

Après m'avoir mis en scène au théâtre dans "Le bel indifférent" de Cocteau.  , il réalise ses propres courts-métrages : "Ecce Homo" (fest. de Venise), "Au pied de l'arbre" (fest. de Bergame), "La journée de Pernette", "Michel Simon: une vie", la mise en cassettes de: "Le Tao Te King", "L'Ecclesiaste", "Le Sermon sur la montagne" (pour l'ORTF), "Le chat", "Ecrits et dits" (St-Jean, St-Jean de la Croix, St-Paul, K. Gibran...).
Bref, tout semble sourire à cet artiste tout près des sommets de la gloire, avec qui j'ai eu une fille, Bianca.

Oui mais, une maladie terriblement douloureuse et prétendue incurable vient bouleverser le cours de sa vie. Condamné à une fin proche par la médecine allopathique traditionnelle, Alain Saury remet tout en question et se tourne vers les médecines naturelles. Il adopte le végétarisme, la spiritualité, pratique le jeûne, et ça marche. Du coup, il s'intéresse de plus en plus à la diététique et se plonge dans les livres des plus grands spécialistes en la matière, tels les docteurs Hanish, Carton et Steiner. Ses inspirateurs spirituels seront notamment Jean de la Croix et François d'Assise. Au cours de ses nombreuses conférences, il est, une fois de plus, remarqué et... applaudi.
Autant dans l'apparence que dans la dialectique, Alain Saury est un personnage qui ne passe pas inaperçu.

Alain n'a de cesse de peaufiner sa formation et, dès la fin des années soixante, il est déjà reconnu comme l'un des plus grands naturopathes de son temps et se voit sollicité de toutes parts pour participer à des colloques et conférences autour des médecines naturelles, de l'écologie, de la protection de l'environnement et de l'action humanitaire. Il est ainsi amené, par son entourage à coucher ses connaissances sur le papier : Alain Saury écrivain, et avec quel succès, rédige plus d'une vingtaine d'ouvrages dont :

  • "Manuel diététique des fruits et légumes" (éd. Dangles), préface du Dr Kalmar
  • "Les Huiles végétales d'alimentation" (éd. Dangles)
  • "Des Fleurs pour vous guérir" (éd. Dangles), préface du Dr Jacques Pezé
  • "Régénération par le jeûne" (éd. Dangles), préface du Dr Kalmar
  • "Le Manuel de la vie sauvage" (éd. Dangles)
  • "Les plantes fumables" (éd. Maloine), préface du Dr Kalmar
  • "Douze fruits et légumes fondamentaux", avec le Dr Donadieu (éd. Maloine)
  • "Les Mains vertes : manuel de cuisine biologique" (éd. Le Courrier du livre), préface de René Dumont
  • "Se nourrir de ... rien, ou Les Végétaux sauvages nutritifs" (éd. Maloine), , préface du Dr Jean Valnet
  • "Se nourrir, se guérir aux plantes sauvages" (éd. Tchou), en collaboration avec Bianca Saury, préface d'Albert Delaval
  • "Se nourrir au bord des chemins" (éd. Vie & Action), préface du Dr Kalmar, postface du Guy Tarade
  • "Le Miel et la cire", poèmes avec 10 lettres et 10 dessins inédits de Jean Cocteau et une préface de Jean Marais (éd. Michel de l'Ormerai)
  • "Cinquante végétaux sauvages nutritifs" (éd. J. Grancher), , préface de J.C. de Tymowski
  • "Les combats élémentaires", recueil de nouvelles
  • "Les plantes mélifères, l'abeille et ses produits", postface du Dr Yves Donadieu (éd. Lechevalier)
  • "Le Cimetière des lapins", western
  • "Les Sorties de l'auberge", roman policier
  • "Je me soigne avec les plantes" (éd. Robert Morel)
  • "Les algues, source de vie" (éd. Dangles)
  • "Le Manuel des aphrodisiaques" (éd. Chiron)
  • "Poésie", avec les dessins inédits de Ray Bret-Koch
  • "L'Électeur", avec les dessins de Jean Cocteau
  • et la remarquable "Anthologie de la pensée éternelle", ouvrage de citations de la plus haute pensée humaine où prophètes, saints, artistes et autres créateurs se trouvent sublimement réunis par la poésie.

Cassettes et CD

  • Béatrice Arnac chante Alain Saury.
  • Le Tao Té King de Lao-Tseu, avec B. Arnac, M. Auclair, J. Laurent.
  • Le Sermon sur la montagne de saint Matthieu.
  • L'Ecclésiaste.
  • Écrits et dits de J. de la Croix, saint Jean, saint Paul, etc...
  • Le Chat.

De façon constante et dès ses premiers écrits, Alain Saury préconise "un certain retour aux sources - à la source - pour balayer les idées reçues" et rappelle les notions élémentaires d'une bonne alimentation. Sans "fanatisme alimentaire" ("de mauvaises pensées peuvent, en effet, être aussi néfastes que de mauvais aliments"), il plaide pour le retour de la simplicité dans l'alimentation. Car, pour lui, "il est possible de guérir en utilisant les seules vertus thérapeutiques des fruits, des légumes, des céréales et du jeûne. Tout être vivant n'étant que la transformation de ce qu'il absorbe : il assimile ou ne peut éliminer. Le seul ennemi de l'homme c'est lui-même" explique-t-il. "Il faut donc traiter en même temps tous ses états, afin de lui permettre de retrouver son équilibre, ses immunités naturelles et son entendement."

Cet équilibre, l'homme le trouve dans une nourriture saine et vivante, dont Alain dévoile les principes avec un pouvoir extraordinaire de conviction. Végétarien, Alain Saury, conférencier et écrivain, proscrit les viandes et les poissons "parce qu'il n'existe pas de cadavre frais", prescrit les fruits et les légumes cultivés biologiquement, et bannit les produits cultivés à l'aide d'engrais chimiques.
Pour encore mieux faire partager ses principes de bonne vie, dans une communion plus intime et dans un lieu propice à la régénération des cœurs et des corps, cet homme amoureux et respectueux de la vie, de la Nature, de notre nature, fonde son propre centre "Les mains vertes" à Coaraze, petit village médiéval des Alpes-Maritimes où il anime des stages de santé à divers options, dont celle du jeûne. Il y prend également le temps de se consacrer à ses autres passions : la poésie, bien sûr, mais aussi la peinture et la sculpture. N'oublions pas, à cet effet, qu'en 1977, Alain fut nommé lauréat du prix Synthèse Artisanat sans frontière à Nice, pour une œuvre sculptée et, en 1979, académicien de l'Académie Tiberine de Rome, également comme sculpteur mais aussi poète, peintre, écrivain et pour l'ensemble de son œuvre altruiste.
Alain Saury était également journaliste - on se souviendra de ses magnifiques "Rencontres avec..." -, et dirigeait la collection "Vie & survie" aux éditions Dangles.

Quelques années avant de nous quitter, il cofonda, avec sa seconde épouse, Aude Douillon, sous l'égide "Les mains vertes", "Le Jardin des affinités", centre culturel et écologique, à Nice, où, comme pour boucler la boucle, il revient au métier du spectacle en y professant l'art dramatique.

Condamné à 35 ans, le grand Alain avait alors fait un pacte avec la mort : il avait mille est une choses à accomplir et il fallait qu'elle lui en laisse le temps. Elle lui fit grâce de quelques vingt cinq années de sursit dont il tira le plus grand profit puisqu'il les consacra essentiellement aux autres. Sa devise, et le titre du livre qu'il n'eut pas le temps d'écrire : "Je n'aime qu'aimer". Alain Saury côtoya et inspira les plus grands - de Cocteau à Lévi-Strauss, en passant par Tomatis, Valnet, René Dumont... - et tendit la main aux plus faibles, aux plus atteints dans leur cœur et dans leur chair.

Comme le soulignait son ami André Roux "Alain Saury réalisa totalement dans sa vie la parole de Paracelse : "La raison dominante de la médecine c'est l'amour". Il émanait de cet homme une puissance d'attachement, d'affection, de partage, de communion fraternelle (...) En pénétrant la pensée d'Alain Saury c'est un frère rayonnant d'amour au service des autres que l'on découvre."

Alain est encore bien présent car entré dans l'immortalité.


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